mercredi 14 octobre 2009

EFT contre l'ennui

Jann Barry vit en Australie dans un petit village isolé au fond des vastes étendues de ce continent immense où les gens habitent très loin les uns des autres et font encore toutes sortes de choses pour pouvoir se rencontrer et se distraire ensemble, à la manière de ce qui existait en Europe avant la télévision, les longues soirées d'hiver où les paysans se réunissaient chez l'un chez l'autre pour se tenir chaud en racontant des histoires, avant la télé (une époque oubliée depuis longtemps...) Elle nous raconte avec humour une expérience de "lecture poétique" qui a duré des heures et l'aurait presque fait mourir d'ennui... si elle n'avait eu l'EFT à sa disposition !

Traduction d'une page du site de Gary Craig :
http://www.emofree.com/Articles2/boredom-cure.htm

Jann Barry écrit :
"Cher Gary,
"Vous pourriez penser qu'après avoir été l'une des fans d'EFT les plus dévouées depuis plus de trois ans, et du fait que je l'enseigne avec enthousiasme, j'aurais pleinement compris la profondeur et la vastitude de son utilisation. Néanmoins, comme tous les mortels je suis lente à l'utiliser sur moi-même... ainsi qu'en témoigne l'histoire suivante. Mais maintenant ça va mieux et, enfin... tap tap tap...
"Il y a un certain temps, j'ai été invitée à apporter un poème pour participer à une rencontre poétique. Mes centres d'intérêt sont variés, mais la lecture de poésie à haute voix n'occupe pas une place très élevée dans ma liste. Néanmoins, quand vous vivez dans un environnement rural, vous prenez la culture là où vous la trouvez, alors j'ai dit oui.
"Un ami qui y allait aussi m'a dit : "Pas la peine de prendre deux voitures, je t'emmènerai."
"Le rassemblement était assez substantiel - 8 ou 9 personnes, et pour je ne sais quelle raison j'ai été sélectionnée pour donner le coup d'envoi.
"J'avais passé les quelques jours précédents à fouiller ma bibliothèque frénétiquement pour trouver une oeuvre qui puisse représenter mes goûts littéraires culturels (heu... !) et j'avais finalement choisi un poème assez court de Sir John Betjeman qui me fait toujours rire même après l'avoir lu un certain nombre de fois, ainsi que la "Louange de la Tomate" par Lunig, poète australien auteur de films d'animation, que j'aime beaucoup. Ce n'était pas une très bonne idée.
"Lorsque j'ai eu fini de lire ces offrandes légères et un peu bizarres (ayant eu quant à moi mon habituel fou rire en les lisant), il y a eu une courte pause durant laquelle tout le monde a souri et hoché la tête avec condescendance et j'ai réalisé que je venais de me faire repérer comme une personne insignifiante. C'est alors qu'ils ont démarré, chacun d'entre eux à son tour prenant les livres qu'ils avaient apportés (des livres !), lesquels étaient hérissés de marque-pages indiquant ce qu'ils avaient l'intention de lire.

"Après le premier tour qui nous emmena sur les pas de Keats dans son "Ode à la Mélancolie", nous sommes passés à ce qui me semblait être une interminable suite d'extraits du "Jubilate Agno" de Christopher Smarts, une offrande qui sans aucun doute eût endormi Calliope elle-même. J'ai pensé qu'il devait y avoir un nombre élevé de grands dépressifs vivant dans ces campagnes, et qu'il existait un nombre au moins égal de gens qui sentaient qu'ils avaient raté leur vocation et auraient pu et même dû faire carrière au théâtre. Par la suite, en faisant des recherches sur Christopher Smart, illustre inconnu pour moi, je verrai qu'il avait écrit ce poème après une période de maladie mentale, ce qui n'est pas surprenant.
"Heureusement, je n'avais apporté que deux poèmes courts, et donc je ne fus pas mise à contribution pour la suite. Je restai là, glissant de plus en plus profondément dans mon fauteuil en jetant subrepticement des coups d'oeil de côté à ma montre qui semblait avoir ralenti, tout en me demandant comment au nom du ciel je pourrais trouver un moyen de filer discrètement à l'anglaise... C'est alors que je me souvins que je n'avais pas ma voiture !
"Deux heures et demie passèrent en traînant les pieds si je puis dire, quand soudain l'hôtesse annonça : "Je m'éclipse juste un moment pour servir le repas." Repas ? Grands dieux, impossible de partir maintenant.
"Finalement nous nous sommes tous levés pour passer à table, tandis que je priais silencieusement pour qu'on puisse avoir au moins une conversation distrayante, mais non ! Même pendant que nous mangions quelqu'un récitait ou lisait quelque chose.

"J'étais maintenant assise au bas bout de la table, loin de l'hôtesse, prête à courir la campagne en hurlant. Je sentais qu'au grand minimum j'allais mourir là, à table, noyée dans la soupe car ma tête s'alourdissait d'ennui et s'apprêtait à tomber dans mon assiette. C'est alors que je me souvins de l'EFT !
"Alors là maintenant, tout m'était égal, ils pouvaient bien le remarquer et penser que j'avais une crise de parkinsonisme, je m'en fichais. Je décidai de faire le tapping pour l'ennui.
"Est-ce que ça allait marcher, je n'en avais aucune idée. Je me souvins que plusieurs semaines auparavant, pendant l'une de mes démonstrations de l'EFT à l'école, une petite fille de dix ans à qui je demandais si elle avait un problème sur lequel faire le tapotage m'avait répondu : "Oui, je m'ennuie." Dans un moment de panique j'avais alors pensé : "Seigneur ! je ne suis pas sûre que l'EFT puisse guérir l'ennui." (Fort heureusement, la maîtresse m'avait sauvé la mise en réprimandant l'élève pour sa conduite.)
"Mais maintenant j'étais désespérée. Alors, sous le couvert de la table, j'ai tapoté mon point Karaté :
"Même si je sens que je suis sur le point de mourir d'ennui je m'accepte complètement et profondément et je me pardonne absolument pour le fait de m'être mise moi-même dans cette situation" (et tout bas j'ai ajouté : "je promets...")

A peine avais-je commencé à tapoter le point du sourcil que l'hôtesse tourna ses regards vers le bas bout de la table et demanda : "Vous ne vous sentez pas bien, Jann " - "Heu, non, c'est juste un peu de migraine...", répondis-je. "Oh ! En effet l'EFT est très bien pour ce genre de choses, je l'utilise moi-même régulièrement." fit-elle avec un sourire béat. Grands dieux, pensais-je, je suis là dans un village de cinq cent âmes au fin fond des campagnes (même pas mon village à moi) et j'ai probablement trouvé la seule personne qui sache que l'EFT existe !
"Mais maintenant, quoi qu'il puisse arriver, j'étais absolument déterminée à continuer mon tapotage tandis que les lectures et le repas continuaient... "cet ennui..." - "cet ennui poétique..." - "cet ennui de tapoter ou ne pas tapoter, voilà la question" - "cet ennui à me noyer dans la soupe..." - "cette poétique supplique à Dieu de me délivrer de l'ennui poétique".

"Il m'a bien fallu une autre séquence, mais ensuite je me suis calée dans ma chaise et j'ai pris une longue respiration en sentant mon corps se détendre et s'installer dans une paix profonde, l'angoisse et l'agitation m'avaient quittée.
"Soudain, une scène d'Alice au Pays des Merveilles jaillit dans mon esprit, quand la Souris s'est endormie et que le Chapelier Fou essaye de la faire entrer dans la théière. J'ai alors réalisé que je ne m'ennuyais plus du tout. J'ai regardé tout autour de la table et je me suis mise à sourire benoîtement à mon tour, demain était un autre jour et je savais absolument que Gary avait raison quand il disait : "Essayez l'EFT sur tout ce qui vous arrive".
"C'est alors que notre hôtesse a dit : "Oh ! Quelqu'un voudrait-il un verre de vin ?" Et j'ai resplendi de plaisir."

Jann Barry

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