dimanche 9 mars 2008

EFT : DESCRIPTION D'UNE SEANCE-TYPE

Comment se passe une séance-type ave l'EFT ? 

En voici une description un peu théorique, basée sur ma propre expérience.
L'EFT n'est pas une thérapie comportementaliste. Prenons un exemple. Quelqu'un vient pour une dépression. Le praticien EFT va lui demander comment il se sent, et lui dire d'évaluer cette sensation de tristesse générale sur une échelle de 0 à 10 (il faut pouvoir vérifier ce qui se passe au fur et à mesure). Disons que la personne ressent un sentiment de tristesse et dépression de 9 sur 10 (10 maximum de tristesse, 0 aucune tristesse). (A noter : il s'agit du ressenti de la dépression, et non de la dépression médicale selon la définition psychiatrique. Pour toute dépression profonde avec tendances suicidaires etc., veuillez consulter un médecin s'il vous plaît.)

Le praticien EFT peut commencer par lui faire dire "Même si je ressens cette grande tristesse, je m'aime et je m'accepte entièrement et complètement" (trois fois en tapotant un point d'acupunture précis, voir le manuel), ce qui permet de reconnaître et d'admettre la situation en relation avec une notion plus positive de soi-même. Puis on travaille sur chaque point d'acupuncture avec le motto "cette tristesse". Mais ce n'est pas ça qui va faire beaucoup avancer les choses, et le praticien malin et entraîné le sait bien. On n'éradique pas la dépression avec une formule magique. En fait, cette première "série" permet seulement de se familiariser avec la technique et d'activer les processus électriques internes du corps.

Le praticien EFT peut déjà se rendre compte si la personne peut dire "je m'aime et je m'accepte complètement et en totalité", sans avoir une petite voix intérieure qui lui dit "ça va pas non?" Si c'est le cas, il a déjà une piste à travailler. Comment peut-on être heureux si l'on ne s'aime pas soi-même ?

Autre piste : Le praticien EFT peut chercher à court-circuiter le mental du client qui va lui sortir toutes les bonnes raisons du monde d'être triste : la vie est dure, les gens sont méchants, il n'y a pas assez de travail pour tout le monde, etc. Il peut lui dire : "Si cette tristesse était dans votre corps, ce serait à quel endroit? Sous quelle forme, quelle couleur, texture, poids ou légèreté, etc." Le praticien le fait travailler avec ça : "Même si j'ai cette chose noire et gluante sur la poitrine qui me pèse et m'étouffe, je m'aime etc.", et il indique aussi "si vous avez une image qui vous vient à l'esprit, ou un souvenir quelconque, dites-le immédiatement, c'est très important".

Très souvent, ce processus aboutit à la "remontée" d'un événement du passé : "ça me rappelle la fois où mon frère aîné m'a maintenu la tête sous l'eau sur la plage quand j'avais six ans parce que j'avais envoyé son ballon au loin d'un coup de pied". Donc là, travail sur l'événement - la sensation d'étouffer, la peur, la violence de l'aîné plus fort contre qui on ne peut lutter - et aussi sur les relations fraternelles conflictuelles : la personne retrouve des sentiments mêlés de haine et d'amour, la rage d'impuissance, etc. Il va falloir les travailler un par un de façon très précise. Et à chaque fois, après une séquence complète de 'tapping", le praticien EFT averti demande : "Et maintenant, cette colère, sur une échelle de 0 à 10, vous la ressentez à combien?"

Souvent, quand on travaille sur une émotion pour la diminuer, on s'aperçoit que les autres émotions ont diminué aussi : "Et revenons à la peur quand vous aviez la tête sous l'eau... " - "Ah c'est vrai... mais ça ne me fait plus rien maintenant quand j'y pense, ou peut-être un tout petit peu, 1 sur 10". Alors quand le praticien EFT voit que son client rigole de tout ça et respire mieux, il lui demande : "Et alors maintenant, cette tristesse globale et cette dépression que vous ressentiez, vous estimez ça à combien?" Là, retour au moment présent, et la personne peut se rendre compte qu'elle se sent mieux, ça fait plutôt du 6 ou 7 sur 10 par exemple. On n'a pas atteint le fond du problème, mais on a touché une zone intéressante. Alors pour continuer, le praticien peut demander à la personne : "Cet événement sur la plage où vous étiez maintenu sous l'eau par quelqu'un contre qui vous ne pouviez pas lutter parce qu'il était plus fort que vous, ça vous a fait entrer quelle(s) croyance(s) dans la tête?"

Ces "croyances limitantes", c'est très important. Nous agissons tous en fonction de croyances, souvent très anciennes, et la plupart du temps inconsciente. En mettant au grand jour une croyance inconsciente, on la démagnétise, on la ridiculise et on n'y croit plus du tout, alors on n'agira plus en fonction de ça. Par exemple, dans le cas de cette personne, le praticien EFT peut l'aider à mettre au jour la croyance au fait que dans la vie il y a des choses contre lesquelles vous ne pouvez pas lutter, c'est plus fort que vous, vous ne pouvez rien faire, d'où la dépression à cause d'un sentiment global d'impuissance face à la vie qui s'est généré lors d'une situation de petit frère face à un grand frère. Car il est fort probable qu'il y a eu d'autres événements que celui de la plage précité qui ont incrusté cette croyance dans l'esprit du petit garçon, dont il ne se souvient pas - et ce sont souvent ces souvenirs oubliés qui ont incrusté les croyances les plus mauvaises pour l'avenir de la personne.

Et donc, si le praticien EFT est malin et très expérimenté, et s'il a encore du temps devant lui dans la séance prévue, il peut continuer à demander s'il y a encore une image qui vient à l'esprit, ou un souvenir, etc. Et c'est là où l'inconscient peut soudain laisser sortir le gros truc, une chose complètement oubliée qui s'est passée peut-être à un âge encore plus tendre. Le praticien fait "nettoyer" cet événement à la personne avec la technique EFT, et ensuite il demande : "Et maintenant, comment vous vous sentez dans le présent ?" - "Ah, mais maintenant, ça va mieux. Ce n'est plus la dépression, par contre je me sens vraiment en colère contre cette fille qui m'a posé un lapin il y a trois mois, je l'avais complètement oubliée... " Là, le praticien EFT peut lui dire qu'il reprendra ce sujet dans la séance suivante parce qu'il n'y a plus de temps, et il termine sur la note positive de l'espoir en l'avenir maintenant que le sentiment d'impuissance a été éliminé.


Au cours de telles séances, on voit les personnes changer de tête et soudain soupirer, la respiration change, la posture aussi. Les yeux se remettent à briller, il y a un sourire, etc.

La séance-type (imaginaire) que je viens de décrire a pu durer entre 1h1/2 et 2h. Et elle a économisé des mois de psychanalyse et des dizaines de boites de Prozac.

Le praticien EFT malin est celui qui peut continuer la séance aussi longtemps qu'il n'a pas atteint un "noeud" bien profond et inconsciemment maintenu qui tient l'une des clés du vécu du patient dans le présent. Par exemple, j'ai rencontré en Angleterre des "EFT masters" qui prennent leur premier rendez-vous à 9 h le matin puis laissent 2h ou 2h30 d'écart avant le client suivant "pour le cas où" la séance d'une heure prévue devrait se prolonger. Bien entendu le patient paye selon le temps passé. *

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